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Un quart d'heure avec le penseur
29 avril 2020

Le Professeur Didier Raoult, un nouveau Galilée ?

Illustration Raoult science

Un homme s’est levé. Ou plutôt il est resté debout au milieu de la tempête du Covid-19. Cet homme c’est le professeur Didier Raoult, infectiologue et directeur de l’IHU de Marseille. A l’heure où tous les spécialistes se couchaient et annonçaient l’impossibilité de lutter efficacement contre le virus – conseillant même, en cas d’infection, de rentrer à la maison avec un doliprane, lui a proposé une stratégie et un traitement efficaces. La stratégie ? Simple, elle consiste en 3 phases : 1- tester, 2-isoler, 3-soigner. C’est la stratégie optimale à observer dans les cas d’épidémie. Remarquons au passage qu’elle n’a toujours pas été mise en place par notre gouvernement qui a choisi 1-de ne pas tester massivement la population – contrairement à l’Allemagne par exemple, 2-de ne pas isoler les malades, qui sont regroupés par le confinement entre personnes malades et non-malades (dans les Ehpad mais aussi dans les maisons où les familles s’auto-infectent), 3-d’interdire aux médecins de famille de soigner leurs patients à l’aide du protocole élaboré par Didier Raoult.

En terme de méthodologie générale, il convient donc de remarquer que tandis que l’infectiologue de Marseille dispose d’une vraie stratégie de lutte contre le virus, ce n’est pas le cas de ses détracteurs ni du gouvernement qui a en quelque manière choisi une anti-méthode de traitement de l’épidémie, fondée sur le laisser-faire, laisser aller. Cela devrait déjà nous alerter quant au sérieux des objections méthodologiques qui sont faites au professeur Raoult. En réalité elles émanent de personnes qui ont mis en place une non-stratégie ou plutôt une anti-stratégie qui nous coûte aujourd’hui plus de 22 000 morts, soit l’un des taux de létalité les plus élevés au monde si on le rapporte à la population.

Venons-en donc aux fameuses objections qui sont faites aux études du professeur Raoult à propos de son traitement à l’hydroxychloroquine et à l’azithromycine. Elles tournent essentiellement autour du caractère scientifique ou non-scientifique de ces études. Ce que disent les détracteurs sur les plateaux de télévision c’est que le protocole du professeur Raoult n’est pas scientifique, parce que les études qu’il présente ne le sont pas. Ils demandent donc des études plus poussées – les fameuses études randomisées –, qui auraient l’avantage de nous dire si oui ou non « la médication Raoult » est valide. Or, – c’est là que la philosophie peut nous éclairer –, qu’est ce qui fait le caractère scientifique d’une théorie ou d’une étude ? En quoi le protocole du professeur Raoult peut-il être dit scientifique ? Les détracteurs du professeur à la « tête de  biker » se comportent-ils comme des scientifiques ou comme des administratifs de la science ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles nous aimerions essayer de répondre, pour prendre la défense de l’infectiologue marseillais.

La science, le professeur Raoult et la leçon de Galilée

Ce qui caractérise la science moderne depuis Galilée c’est le recours à l’établissement des faits, par l’observation. Lorsqu’il a choisi de braquer son télescope vers le ciel, Galilée a fait le choix de se confronter à l’expérience, au donné empirique, pour valider la thèse de la mobilité de la Terre. Il a fait de la confirmation par l’observation, le critère de jugement, la pierre de touche du caractère scientifique ou non scientifique d’une théorie. C’est ainsi qu’il a rompu avec la vieille physique d’Aristote, – et le fameux adage « Aristote a dit que » – entièrement fondée sur le principe d’autorité. Il n’a plus voulu suivre les « autorités » compétentes, notamment théologiques et scolastiques qui enseignaient dans les universités que la Terre était immobile, au centre de l’univers, parce qu’Aristote l’avait dit.

Ce geste inaugural de rupture avec toute une tradition de pensée a certes coûté cher à Galilée à titre personnel, – puisqu’il a été contraint par un tribunal de l’Inquisition de se rétracter –, mais il lui a ouvert les portes de la postérité, la méthodologie scientifique ayant toujours fait le choix, par la suite, de s’appuyer sur les faits, les observations plutôt que sur les discours a priori, les ratiocinations verbeuses. Or il semble bien que cette leçon de Galilée ait été oubliée. Pire même, non seulement on refuse dans l’affaire de l’hydroxychloroquine de regarder les faits, mais on instruit contre Didier Raoult, un procès médiatique qui commence à ressembler furieusement à un procès en sorcellerie digne du Moyen-Âge, un procès digne de l’Inquisition, comparable à celui qu’eut à subir Galilée en son temps.

Car dans l’affaire de l’hydroxychloroquine quels sont les faits ? 1–que les patients du professeur Raoult sont guéris à 98% 1 (ce qui est loin d’être le taux de guérison observé dans les hôpitaux où l’on n’utilise pas le « protocole Raoult ») ; 2– que le taux de mortalité dans la région de Marseille est bien moins élevé que dans toute autre région de France comparable 2 ; 3–que les pays qui ont mis en place le « protocole Raoult » ont un taux de létalité inférieur à ceux qui n’en ont pas fait usage. Ainsi aux Etats-Unis où l’on utilise le protocole de Didier Raoult, bien que la mortalité en valeur absolue soit supérieure à celle de la France, elle est inférieure en valeur relative. De même des pays comme le Portugal, la Grèce ou Israël, qui utilisent le protocole à base d’hydroxychloroquine sont bien moins touchés que la France. Ces faits ont été rappelés par quantité de médecins, notamment par le professeur Christian Perronne 3 – chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches – qui tente désespérément de défendre le protocole Raoult sur les plateaux de télévision. Une pétition a même été lancée par le professeur Douste-Blazy, – recueillant plus de 500 000 signatures – sans que la stratégie des medias ou du gouvernement ne change. Globalement c’est le statu quo, pire même, l’ombre de l’Ordre des médecins plane sur Didier Raoult, qui est aujourd’hui passible de sanctions professionnelles pouvant aller jusqu’à la radiation 4. Un comble !

La mauvaise foi des inquisiteurs et les leçons d’éthique

Les nouveaux inquisiteurs ne baissent donc pas la garde. Ils ont trouvé un bouc émissaire à toutes leurs frustrations, à leur impuissance et à leurs manquements. Ce bouc émissaire c’est le professeur Raoult. Le journal Le Monde avait commencé par le décrire comme un charlatan, puis avait dû revoir sa copie. On continue cependant de le dépeindre comme un original, un homme un peu étrange, un populiste, un « gilet-jaune » de la médecine, en tout cas un « maverick », un « franc-tireur ». Ca ne plait pas. Mais que disent aujourd’hui ses détracteurs et surtout, comment prétendent-ils confirmer ou infirmer la validité de son protocole ? Tout d’abord ils insistent sur les effets secondaires, notamment cardiaques de l’hydroxychloroquine, et parlent de la « dangerosité » de cette molécule, alors que ses effets sont parfaitement maîtrisés et connus. On donne cette molécule contre le paludisme depuis plus de cinquante ans. Il suffit par ailleurs – comme cela se fait d’ailleurs à l’IHU – de pratiquer un électrocardiogramme sur les personnes fragiles pour éliminer toute complication cardiaque 5.

Mais, toujours pas satisfaits par les études de l’IHU, les détracteurs de l’hydroxychloroquine, proposent de mettre en place des études scientifiques randomisées à échelle européenne pour tester l’hypothèse Raoult . Problème ? Ces études – comme l’étude Discovery – ne testent pas le protocole Raoult. Tandis que l’infectiologue préconise d’utiliser cette molécule avec un antibiotique l’azithromycine, en début de traitement, l’étude Discovery propose quant à elle d’utiliser l’hydroxychloroquine en fin de traitement, lorsque la personne est très malade, aux portes de la salle de réanimation, et sans lui administrer l’antibiotique. Tous les autres tests cliniques hors IHU reposent sur les mêmes biais méthodologiques. Au passage on remarquera que les personnes qui dénoncent l’attitude éthique du professeur Raoult sont prêtes à mener des études « randomisées », c’est-à-dire, à ne pas traiter les malades appartenant au groupe contrôle, mais à leur administrer un simple placebo. Ils vont donc pour des raisons « éthiques » ne pas soigner certains malades : le serment d’Hippocrate est ainsi définitivement enterré.

Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des paradoxes que de voir que c’est au nom d’une prétendue « éthique scientifique » que l’on condamne l’éthique d’un médecin. A l’époque de Galilée, c’est au nom de la religion que l’on condamnait les hommes de science qui se réclamaient de l’expérience. Aujourd’hui c’est avec des âneries du genre « il ne faut pas donner de faux espoirs aux gens », « la véritable éthique ne peut être fondée que sur une certitude équivalent à 100% » etc.. Laissons donc la mort continuer à se répandre dans les Ehpad au nom de l’éthique. Laissons mourir les personnes en salle de Réanimation. Laissons faire, laissons aller. Allons même plus loin, continuons d’interdire, toujours au nom de l’éthique, aux soignants de prescrire une molécule classique, banale, plutôt que de soigner les personnes, avec l’un des seuls traitements dont nous disposions aujourd’hui et qui a fait ses preuves. Après tout nous avons bien le temps ! Il n’y a que 500 personnes en moyenne qui meurent par jour en France… C’est ça l’ « éthique de la modernité liquide » !

L’acharnement de la bureaucratie médicale

Le procès en incompétence intenté au professeur Raoult est directement imputable aux technocrates de la médecine, à ce qu’il convient d’appeler la technostructure scientifique. Sans avoir à nous lancer dans une longue enquête sur Big Pharma et les gros intérêts que tel ou tel laboratoire serait capable de faire prévaloir au détriment du professeur Raoult, il nous suffit de constater l’échec de l’ensemble de tout le système administratif français dans la gestion de l’épidémie de Covid-19 pour comprendre ce qui arrive à l’infectiologue marseillais. En réalité cet homme qui est – ainsi que les nombreux médecins qui le soutiennent – parfaitement compétent est victime des personnes qui se sont montrées totalement incompétentes face à l’épidémie et qui ne veulent pas le reconnaître. Ce qui est en cause, ce n’est pas la science, c’est la technostructure médicale d’Etat qui fonctionne en vase clos. Ce sont ces médecins et ces scientifiques qui à l’instar de Jérôme Salomon, Karine Lacombe ou Laurent Alexandre ne sont plus ni médecins ni scientifiques mais sont devenus de de simples communicants politiques pour gouvernements en déroute.

Le débat qui est organisé via les medias sur les études de l’IHU n’est pas un débat entre science et non science, puisque les « études observationnelles » de Didier Raoult remplissent les critères de la méthodologie expérimentale inductive, celle qui était enseignée par Claude Bernard dans Introduction à la médecine expérimentale. C’est un débat sur le caractère technostructurel de ces études. Didier Raoult, est-il un membre de la technostructure médicale ? A l’évidence, malgré son prix INSERM, obtenu en 2010, non. Partage-t-il l’ « éthique technostructurelle » qui consiste à donner des placebos à des groupes contrôles, à mener des études longues en temps de guerre, plutôt qu’à soigner tous les patients qui se présentent, en urgence ? Non plus. Ses études répondent-elles aux normes méthodologiques de la technostructure médicale de laboratoire, reposant sur les études randomisées et la logique de la « falsifiabilité » développée par Karl Popper dans La Logique de la découverte ? Pas d’avantage, là aussi.

En réalité Didier Raoult est un médecin en temps de guerre, un homme de l’art, un praticien à l’ancienne, conscient que le plus important c’est de sauver des vies, dans l’urgence, et non de complaire à ceux qui imposent des normes technostructurelles, à long terme. En restant fidèle à la logique inductive de la science, à ses pas à pas empiriques, à ses observations répétées, à ses preuves patiemment additionnées, en faisant confiance à ce qui marche, à ce qui fonctionne plutôt qu’à des normes bureaucratiques contraignantes, il a répété le geste de Galilée contre les autorités incompétentes. Espérons qu’il ne payera pas trop cher, à titre personnel, sa désobéissance civique. On raconte que Galilée, au terme de son procès en rétractation devant l’Inquisition aurait affirmé, à propos du mouvement de la Terre : « Et pourtant, elle tourne ». De la même façon, au visage de ses contradicteurs et de l’ensemble de la technostructure médicale qui a failli, Didier Raoult peut déclarer « Et pourtant, l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, ça marche » 6.

Michael Paraire

27/04/2020

 

 

  1. On utilise parfois ce chiffre de 98 % pour le relativiser en arguant du fait que naturellement 98 % des gens sortent guéris du virus. Mais à l’IHU l’échantillon n’est pas celui de la population globale (asymptomatiques + symptomatiques), c’est un échantillon de personnes symptomatiques. Avoir un taux de 98 % de personnes guéries est donc un taux très élevé.

  2. A Marseille le taux de mortalité est de 0.7 % tandis qu’il est de 4 % dans le reste de la France et de 8 % en Italie.

  3. Voir l’intervention du professeur Perronne sur https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/tonight-bruce-infos-vendredi-24-avril-2020-1242078.html

  4. Sur le risque de radiation de Didier Raoult par l’ordre des médecins voir l’article du magazine Top Santé du 26/04/2020 « Pourquoi Didier Raoult serait-il suspendu par l’ordre des médecins ? »

  5. Sur la faiblesse du risque cardiaque voir Didier Raoult, interview sur Radio classique du 17/04/2020

  6. En mettant la dernière main à cet article nous avons appris hier qu’une gigantesque étude était lancée pour soigner de manière préventive les médecins et les soignants de l’APHP à l’aide du traitement de Didier Raoult. Il était temps ! Ce qui serait bien maintenant c’est que les médecins de famille puissent le prescrire, ce qui n’est actuellement toujours pas le cas. https://blogs.mediapart.fr/arjuna/blog/160420/surprenant-rebondissement-dans-laffaire-de-lhydroxychloroquine?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66

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Commentaires
T
Très bon article, qui met en avant bien des réalités.<br /> <br /> Combien de morts pouvaient être évités ?<br /> <br /> Nous avons affaires à des incompétents, des corrompus et nous oublierons rien.
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Un quart d'heure avec le penseur
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