Epicure contre le vaccin ?

Il n’y a pas d’antivax – ou seulement à la marge –, il n’y a que des opposants aux explications et aux solutions uniques. Le débat actuel, autour de la stratégie vaccinale obligatoire oppose donc non pas « antivax » et « provax », complotisme et anti-complotisme mais explications et solutions plurielles, ouvertes, contre explications et solutions uniques, fermées. Le gouvernement qui propose comme seule stratégie de lutte contre le Covid-19 la « vaccination obligatoire », imposée par voie indirecte de privation des libertés individuelles, appartient clairement à la seconde catégorie.

Pour nos dirigeants, prisonniers des schémas autoritaires de la  pensée européiste, technocratique, et particulièrement pour notre "Jupiter" tyrannique, le vaccin est le remède unique et la non-vaccination, la cause unique de la diffusion du virus. Ils refusent à la fois de recourir à d’autres remèdes – la prévention de la maladie par l’usage de la vitamine D ou du Zinc, l’utilisation de l’ivermectine ou de l’azithromycine et de l’hydroxychloroquine, l’augmentation du nombre de lits d’hôpitaux et du personnel soignant, la multiplication de purificateurs d’air… –, mais ils refusent également d’agir sur d’autres paramètres, le contrôle des frontières, notamment, qui peut nous prémunir contre la diffusion des variants.

Or, tout cela rappelle furieusement une analyse que fait Epicure, le célèbre philosophe matérialiste de l’Antiquité grecque, dans sa Lettre à Pythoclès, qui est en quelque manière son discours de la méthode scientifique. Contre les explications dogmatiques du type c’est le « Destin », «  les Dieux l’ont voulu ainsi » ou « tout vient de l’Air », explications de forme « monocausale » – c’est-à-dire à causalité unique – Epicure explique que les phénomènes matériels sont le produit de causes multiples (il en va ainsi pour le tonnerre, les inondations, la pluie etc…).

Prenons un exemple simple : un accident de voiture. Vous pouvez l’expliquer par les conditions climatiques : la chaussée détrempée suite à une pluie orageuse, mais vous devez également prendre en compte, la vitesse de la voiture, le taux d’alcoolémie ou l’état de fatigue du conducteur, l’état des freins, l’utilisation de la ceinture de sécurité etc… L’explication de l’accident fera entrer en jeu une multiplicité de causes et non une cause unique. C’est cela l’explication scientifique selon Epicure, une explication multicausale et non monocausale. Dans la Lettre à Pythoclès, Epicure nomme ce schéma d’explication scientifique le « mode multiple ».

Or, qui dit mode multiple dit aussi solutions multiples. Pour éviter que ne se reproduise l’accident un esprit rationnel cherchera à agir sur l’ensemble des causes : diminuer la vitesse de la voiture, organiser des plages de repos pour le conducteur en cas de long trajet, mettre sa ceinture de sécurité, être plus prudent en cas de chaussée détrempée. Et personne n’aurait l’idée de dire : ne sortez que s’il ne pleut pas.

Or c’est exactement ce que fait ce gouvernement pour faire oublier son incurie dans la gestion de la crise du Covid-19 – qui nous a déjà coûté plus de 100 000 morts. Il propose un système d’interdits ainsi qu’une explication et une solution uniques, preuve qu’il est fondamentalement dans une attitude dogmatique et non-scientifique, nécessairement vouée à l’échec. L’esprit scientifique repose, en effet, comme nous l’apprend l’auteur de la Lettre à Pythoclès, sur un schéma de compréhension et d’intervention sur les phénomènes qui est, par principe, multiple et diversifié.

Aussi Epicure n’aurait pas été contre le vaccin – notamment pour les personnes âgées ou ayant des comorbidités – mais contre le vaccin comme solution unique, obligatoire, panacée à tous nos maux. Il aurait réclamé, comme le font les opposants actuels au gouvernement, le recours immédiat aux médicaments permettant d’éviter le développement de formes graves, le contrôle des frontières pour nous préserver de la diffusion des nouveaux variants, l’usage des purificateurs d’air etc…

Et puis, surtout, Epicure qui fut le premier à accueillir dans son école les « esclaves » mais aussi les « femmes », contre les traditions plus « sélectives » d’autres écoles philosophiques, n’aurait jamais accepté ni que l’on désigne aujourd’hui les soignants – célébrés hier en héros – comme des « vilains petits canards » ni la discrimination mise en place, à grande échelle, par le « pass sanitaire » qui va instituer, de facto, un apartheid social et sanitaire d’une ampleur inégalée en France – mettant au ban de la nation 30 millions de Français non vaccinés. Il faut relire d’urgence la Lettre à Pythoclès !

Michael Paraire, auteur de Ainsi pensaient les grands philosophes